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L'approche collaborative, vue par Liette M. Demanche, directrice des écoles primaires Notre-Dame-du-Rosaire et Sainte-Marie



Introduction | Un parcours riche!


Comme j’ai déjà œuvré en tant que conseillère pédagogique, voilà longtemps déjà que je travaille au sein de groupes d’analyse pédagogiques. Suivant mes diverses expériences professionnelles, j’ai pu travailler avec différents intervenants marquants, comme Nicole Tardif qui nous a permis d’approfondir nos pratiques de leadership pédagogique. Par la suite, Christiane Joncas nous a fait découvrir les CAP – les communautés d’apprentissage professionnelles. Finalement, François Massé est arrivé et les façons de faire se sont transformées. On a vu apparaître les REC – rencontres d’équipes collaboratives.

Je suis très fière d’affirmer qu’aujourd’hui, nos deux écoles forment une CAP. En effet, de la première à la sixième année, nous avons nos six équipes collaboratives bien ancrées et les gens veulent vraiment travailler en équipe. Nous priorisons les mathématiques actuellement.

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Q : Avec votre œil de directrice d’école primaire, qu’est-ce que signifie l’approche collaborative?

R : C’est de la cohérence dans les apprentissages. Les enseignants des différents niveaux discutent ensemble, échangent sur leurs pratiques pédagogiques afin d’élaborer et mettre en œuvre les séquences d’apprentissage. Depuis l’implantation de cette approche, je constate que les discussions ont évolué. D’ailleurs, cela nous a permis de prioriser des pratiques de base gagnantes, comme la manipulation, notamment, dans le cadre des mathématiques. Les enseignants se parlent autrement et s’épaulent, afin de trouver des moyens concrets pour aider « ceux qui n’ont pas appris ».

Chaque mois, lors de mes rencontres avec le personnel, j’ai un point statutaire CAP qui nous permet de livrer des constats à propos de nos REC. Ceci fait le pont entre les équipes collaboratives afin de se questionner sur nos pratiques pédagogiques. Toute l’équipe est donc volontaire et engagée, et elle met la main à la pâte. J’en suis très fière. Je me réjouis de constater les progrès des membres de notre équipe, leur confiance et leur enthousiasme dans ce processus. Nous nous sommes approprié la démarche et cela nous permet de mieux cibler les défis et les besoins spécifiques des élèves, de mieux identifier les erreurs mineures, procédurales et de concept et ainsi, d’apporter l’accompagnement adéquat en prévision des évaluations sommatives. L’évaluation formative tient maintenant une place très importante pour réguler nos pratiques pédagogiques et aider les élèves autrement. 

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Q : En tant que directrice d’école primaire, quel est votre rôle dans ce type d’approche?

R : Je questionne beaucoup pour comprendre comment les enseignants travaillent avec leurs élèves, je les aide à bâtir les séquences, à cibler du matériel de manipulation, à m’assurer qu’ils ont ce qu’il faut en classe et finalement, à concevoir les grilles informatisées d’observation et de compilation. Mes compétences informatiques sont souvent très utiles.

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Q : Quelles sont les retombées positives connues de l’approche collaborative en milieu scolaire selon votre expérience?

R : Les élèves deviennent les élèves de tous les enseignants de l’école. Les enseignants travaillent de concert, afin que tous les enfants reçoivent un enseignement équilibré, standardisé et adapté, suivant un même fil conducteur. Depuis que nous travaillons avec les séquences, nous constatons des progrès chez nos élèves. Un gain concret que je peux partager : une enseignante de troisième année m’a confié que pour la première fois dans sa carrière, elle avait entendu un élève de sa classe dire que le nombre 307 comportait 30 dizaines! Il avait réussi à saisir le concept d’échange ou d’emprunt en « cassant la dizaine » dans la soustraction. C’était la première fois qu’elle entendait un vocabulaire pareil de la part d’un élève. Tout cela, c’était grâce aux enseignants de la deuxième année. Le fruit de l’approche collaborative, c’est ça! Ce sont des avancées concrètes.

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Q : L’approche collaborative, ça peut paraître imposant au départ comme démarche. Comment avez-vous géré son implantation dans vos établissements?

R : Oui, c’est vrai, ça peut paraître gros d’un œil extérieur, mais il faut y aller par étape. Comprendre pourquoi nous le faisons! Nous commençons par identifier nos savoirs essentiels. Après, nous décortiquons nos cibles en « je peux ». Ensuite, nous élaborons nos évaluations formatives, de là nous arrivons à déterminer nos observables pour que la correction soit la même pour tous. Plus nous avançons, plus nous nous améliorons! Voilà maintenant trois ans que je travaille de cette façon et j’ai développé mes habiletés de leadership pédagogique! Il faut se faire confiance, se laisser du temps.

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Q : Quels sont les ingrédients nécessaires pour réussir son approche collaborative?

R : Le temps. Beaucoup de temps! C’est ce qui a été gagnant de notre côté : les gens sont libérés cinq ou six journées par année pour travailler exclusivement sur ce dossier. Nous faisons appel aux enseignantes retraitées pour venir les remplacer sans nuire à la banque de suppléance.

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Conclusion

S’unir pour grandir, persévérer pour se dépasser. C’est la devise de notre personnel, mais surtout, c’est la clé de la réussite!